Flora MIKULA
(…)En 1977, Flora MIKULA déguste les saveurs jouissives de ses deux grands-mères dont une lorraine
même si la période aoutienne paraît aride : « A quinze ans, en plein été, quand tu passes tes vacances
estivales à Lunéville, t'as les boules, une horreur absolue. ». Dès 12 ans, Flora MIKULA « fait à manger à son père ».
Les balbutiements : couscous, paellas et autres crêpes. Entre la banlieue avignonnaise et la fête nîmoise,
l'Ecole Hôtelière prohibe les jeunes femmes.
A la fin de la troisième, d'un père polonais militaire de carrière (Indochine, Afrique) et d'une mère lorraine,
le « garçon raté » ne bronche pas. Elle veut en découdre, elle désire la cuisine corps et âme. A 15 ans,
la directrice de l'Ecole lui soutient qu'il n'y aura pas de femme. Elle insiste, persiste, signe. BTS :
salle, cuisine, œnologie. Les premiers mois de sa scolarité, les professeurs, tous anciens chefs, les testent durement.
« En six mois, je me retrouve première de la classe ». Celle qui deviendra la turbulente méridionale des
Champs-Élysées touche « une matière, un monde ».


« La cuisine, c'est léger mais c'est mon gagne-pain. Ephémère comme des papillons. Un loisir, un divertissement, inutile. Beaucoup de gens vivent très heureux sans aller une seule fois dans leur vie au restaurant. ».
(…) Des équilibres de textures (mou, croquant, cuit) aux approches de températures (chaud, froid, brulant), la manière Flora MIKULA suggère les métaphores du voyage. « Un menu ne va pas crescendo mais en montagne russe. Je monte, je descends. Je vis l'instant.». Chaque plat matérialise un moment de jouissance à part entière sans tabou. « L'orgie et l'ascèse en permanence. Je vais de l'avant dans la nostalgie. Quand je parle d'un nem, j'ai les larmes aux yeux. Quand je coupe la peau d'une mangue, je pense à mon père. Le dimanche, je rôtis le poulet à la manière de ma grand-mère avec des grosses gousses d'ail qui cuisent toute la matinée ».(…)